Jolof Cuir Collection : Quand l’artisanat du cuir sénégalais devient un moteur d’autonomisation et d’innovation.

Jolof Cuir Collection : Quand l’artisanat du cuir sénégalais devient un moteur d’autonomisation et d’innovation.

Pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours ainsi que de ce qui vous a motivée à créer Jolof Cuir Collection ?

Je suis Mme Gueye Fatou Dior, une femme entrepreneure sénégalaise passionnée par le développement local, particulièrement dans la filière Cuirs & Peaux, spécialisée en maroquinerie. Mon parcours académique est ancré dans le domaine du droit des Affaires et du Droit privé, complété par une formation en Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). Ces connaissances nous ont permis de concilier notre engagement entrepreneurial avec des pratiques éthiques et durables, essentielles à la réussite de nos projets dans ce secteur.

Notre  passion pour le développement durable a été l’un des principaux moteurs de notre engagement entrepreneurial. En tant que femme entrepreneure sénégalaise, nous avons toujours été fascinée par l’innovation, notamment dans la filière Cuirs et Peaux, un secteur riche d’histoire, mais aussi une véritable opportunité pour valoriser notre savoir-faire local. C’est cette conviction qui nous a poussée à créer JolofCuir, une marque panafricaine qui incarne l’excellence de la maroquinerie responsable, produite localement et dans le respect de l’environnement. 

Pourquoi avoir choisi de travailler exclusivement avec du cuir produit au Sénégal et de collaborer avec des femmes tanneuses ? 

La création de JolofCuir repose sur notre souhait de développer une chaîne de valeur locale et durable. Nous voulons donner une place centrale aux matières premières issues des coopératives de femmes, porteuses d’un savoir-faire ancestral et créatif. Travailler avec elles, c’est non seulement mettre en avant le potentiel du cuir sénégalais, mais aussi soutenir l'autonomisation des femmes dans les zones rurales, contribuant ainsi à leur indépendance économique et sociale.

Selon vous, comment peut-on mieux valoriser le cuir sénégalais et encourager la consommation locale ?

Il est essentiel de repenser le secteur à travers une stratégie d'industrialisation maîtrisée. Chaque année, environ 70% des peaux sénégalaises sont exportées en brut ou en wet blu, alors qu’en parallèle, nous importons près de 80% de cuir fini, souvent des chutes destinées à la confection de produits. La première étape consisterait à limiter l’exportation de la matière première brute et l'importation de produits finis. Il est également crucial de développer des unités de production locales, capables de transformer ces peaux en cuir de qualité, afin de fournir la maroquinerie et les produits en cuir que consomment nos populations. L’accessibilité à des produits en cuir locaux pourrait ainsi se renforcer, contribuant à la promotion de notre savoir-faire tout en réduisant notre dépendance à l’importation.

Quel impact positif votre activité a-t-elle sur l'autonomisation économique et sociale des femmes tanneuses avec lesquelles vous travaillez ?

Les femmes tanneuses sont au cœur de notre chaîne de valeur. Elles proviennent de différentes régions du Sénégal, de Dakar à Saint-Louis, en passant par Thiès, et se sont organisées en coopératives pour pérenniser leur activité de tannage. Nous avons choisi de nous approvisionner exclusivement auprès de ces coopératives, avec des achats en gros, contribuant ainsi à leur viabilité économique. Ce partenariat nous permet de promouvoir l’entrepreneuriat féminin tout en soutenant la création d'emplois dans les zones rurales du pays.

Quels sont les principaux défis que vous rencontrez dans la production et la commercialisation de vos produits ?

L’un des principaux défis réside dans le fait que la majorité de la production de nos articles reste artisanale, avec notamment 80% du travail effectué à la main. Si nous souhaitons conquérir un marché de masse, nous devrons repenser nos méthodes de production en intégrant davantage de mécanismes d'automatisation. Par ailleurs, l’accessibilité des produits représente également un obstacle majeur, dans un pays où la perception du "Made in Senegal" est encore trop souvent un mythe pour une large part de la population. 

Quelles sont vos ambitions pour Jolof Cuir Collection dans les années à venir ?

Notre  ambition est de contribuer à la redynamisation de la filière locale des cuirs et peaux au Sénégal. À travers la maroquinerie de qualité que nous créons, nous souhaitons démontrer tout le potentiel de ce secteur, et ainsi encourager une consommation locale consciente et durable.

Quel message aimeriez-vous partager avec nos lecteurs et ceux qui soutiennent l'entrepreneuriat local ?

Nous voudrions leur rappeler que c’est le secteur privé qui joue un rôle fondamental dans le développement économique d’un pays. Il est crucial de continuer à encourager et soutenir sincèrement toutes les initiatives entrepreneuriales, car elles sont les véritables moteurs du changement et de la croissance durable.

Interview avec Mme Fatou Dior Ndiaye, 

fondatrice de Jolof Cuir Collection