La microfinance, un levier du développement des chaines de valeur agricole en Afrique de l'Ouest .

La microfinance, un levier du développement des chaines de valeur agricole en Afrique de l'Ouest .

Au Mali, environ 40% des clients des Institutions de Microfinance (IMF) sont des acteurs du secteur agricole, contre 25% au Sénégal et 30% au Burkina Faso (données BCEAO, 2021). La microfinance joue donc un rôle essentiel dans le développement des chaînes de valeur agricoles en Afrique de l’Ouest.

Les Institutions de Microfinance (IMF), à travers leurs offres des services tels que le microcrédit, l’épargne, et les assurances constituent une réponse adaptée aux besoins spécifiques des petits producteurs agricoles et des autres acteurs des chaînes de valeur, qui sont très souvent exclus du système bancaire traditionnel.

Au Mali par exemple, en 2022, environ 20% des financements des IMF étaient alloués au secteur agricole. (Données BCEAO, 2022).

Il est donc très clair que les IMF participent au développement des chaines de valeur agricole à travers :

-       La facilitation de l’accès au financement :

En Afrique de l’Ouest, de nombreux petits exploitants agricoles et entrepreneurs n’ont pas accès aux systèmes bancaires traditionnels en raison de l'absence de garanties suffisantes. La microfinance permet :

  • D’obtenir des crédits adaptés à leurs cycles de production.
  • De financer l’achat d’intrants agricoles, d’équipements, ou d’innovations technologiques.
  • De stabiliser leur activité face aux chocs climatiques ou aux fluctuations des prix. 

Exemple : Une IMF au Mali a accordé des prêts à plus de 30 000 producteurs de coton en 2021, avec un montant total d’environ 7 milliards de FCFA.

-       Le renforcement des acteurs des chaînes de valeur :

Les chaînes de valeur agricoles impliquent des acteurs multiples (producteurs, transformateurs, commerçants, etc.). La microfinance joue un rôle dans :

  • La coordination des différents maillons en soutenant les associations ou coopératives qui regroupent les acteurs.
  • Le développement des infrastructures comme les entrepôts, les centres de transformation ou les systèmes de transport.
  • Le financement des PME locales qui ajoutent de la valeur, par exemple dans la transformation des produits agricoles.

-       La réduction des risques dans l’agriculture ;

Les systèmes agricoles en Afrique de l’Ouest sont particulièrement vulnérables aux risques climatiques, économiques, et sanitaires. Les institutions de microfinance offrent:

  • Des assurances agricoles pour couvrir les pertes liées aux aléas climatiques.
  • Des solutions d’épargne pour renforcer la résilience des ménages agricoles.
  • Des crédits de campagnes adaptés aux saisons agricoles, avec des calendriers de remboursement alignés sur les récoltes.

-       L’impact sur la sécurité alimentaire et les exportations :

En soutenant la production, la transformation, et la commercialisation des produits agricoles, la microfinance contribue :

 

  • À l’augmentation de la production locale, ce qui renforce la sécurité alimentaire.
  • À la compétitivité des produits agricoles ouest-africains sur les marchés internationaux, notamment pour des produits comme le cacao, le coton ou les noix de cajou.

Ce qu’il faut retenir, c’est que la microfinance constitue un levier puissant pour renforcer les chaînes de valeur agricoles en Afrique de l’Ouest. Elle ne se limite pas au simple financement, mais agit comme un outil global pour stimuler la productivité, améliorer les conditions de vie des agriculteurs, et renforcer la compétitivité de l’agriculture régionale.

Par exemple, la microfinance a permis de structurer et de renforcer les chaînes de valeur agricoles au Mali, à travers :

  • La production : Augmentation de la productivité grâce au financement des intrants modernes.
    • Exemple : Les IMF ont contribué à financer environ 15% des besoins en intrants pour la production de riz dans l'Office du Niger.
  • La transformation : Soutien aux coopératives et aux PME impliquées dans la transformation des produits agricoles (p. ex., moulin à grains, huileries).
  • La commercialisation : Financement des acteurs intervenant dans le transport et la distribution des produits agricoles.

Article rédigé par M. Sidy Kounta
Directeur Général d'AMIFA Mali